giovedì, maggio 25, 2006

Addiopizzo arriva in Francia

Le procédé est bien connu en ville. Quand la serrure d'un magasin est bloquée par de la colle, c'est que la Mafia a voulu faire passer un message précis. Si la victime de l'"avertissement" veut être tranquille, elle doit se plier au racket, payer.
Il y a quelques jours, c'est une petite pension, en plein centre-ville, qui a été visée. L'hôtel en question est tenu par l'un de ceux qui ont décidé de braver la Mafia, de dire ouvertement que, eux, ils ne se feront pas racketter.
Un dépliant distribué en ville présente les cent premiers magasins, entreprises ou autres, qui adhérent à la campagne contre le racket. De la lettre "A" des agences de voyages à la "R" des restaurants en passant par les bijouteries et les pharmacies, les librairies et les hôtels.
Maurizio Vara, l'hôtelier menacé, a déjà vécu ce genre de situation. "J'avais une entreprise métallurgique, près de Palerme. A force de requêtes continues d'argent, la Mafia m'a fait couler." Un jour, il a décidé que c'était trop et a dénoncé les mafieux. Les procès ont été longs, l'affaire douloureuse pour lui et sa famille. Les racketteurs sont emprisonnés aujourd'hui mais lui a préféré changer d'air et ouvrir un hôtel. La première chose faite en arrivant à Palerme ("C'était ma façon de retrouver ma liberté") a été celle de rejoindre le comité "Addio pizzo" (Adieu racket) formé par des jeunes qui depuis deux ans ont décidé de faire bouger les choses.
Début mai, la liste des rebelles a été publiée sur Internet, puis ils se sont présentés en chair et en os, avec leurs stands, lors de la première journée antiracket, le 5 mai, sur la très symbolique place Magione où sont nés les juges assassinés par la Mafia, Giovanni Falcone et Paolo Borsellino. Ils ont alors lancé une campagne de "consommation critique", appelant les citoyens à les soutenir en s'adressant à eux en priorité. De façon à éviter que les courses quotidiennes ne servent, même indirectement, à financer la Mafia.
UN PREMIER PAS
Jusqu'ici plus de 7 300 consommateurs ont adhéré. En ville, les passants se disent convaincus que c'est la bonne voie à suivre. Comme cette vieille dame qui trouve que "ce serait un manque de respect pour leur courage de ne pas aller faire les courses chez ceux qui osent braver la Mafia". Dans une ville où, selon les estimations, quatre magasins sur cinq sont rackettés, c'est un premier pas qu'il faut soutenir, reconnaît le magistrat du parquet chargé du dossier racket, Maurizio De Lucia : "Des initiatives comme celle-ci montrent que la lutte contre la Mafia n'est pas uniquement du ressort des policiers et des juges mais doit se baser sur les consciences qui changent."
Reste qu'il faut du courage. Personne n'oublie ici Libero Grassi qui, au début des années 1990, avait osé dénoncer, seul, le racket et a fini assassiné par la Mafia. Sa veuve, Pina, qui figure parmi les commerçants antiracket, est confiante. Elle se rappelle que quand son mari s'était adressé à l'Association des industriels pour obtenir un geste de solidarité, son président de l'époque "avait nié l'existence même du racket et dit que Libero cherchait à se faire de la pub". "Aujourd'hui, reconnaît-elle, le fait que nous soyons déjà plus de cent
à suivre son exemple est la preuve que la situation a évolué."
Fonte : Le Monde

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